Analyse de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) en matière de sécurité

En matière de sécurité, l’antenne ollioulaise du Partit Occitan souscrit à l’analyse que la section toulonnaise & seynoise de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a faite le 3 septembre 2025 sur sa page Facebook et que nous nous permettons de reproduire ci-dessous.

Extrait de la page fb de la LDH Toulon – La Seyne :

Sur une affiche récente du RN, un slogan : « Sécurité pour tous, sévérité pour les coupables, c’est la promesse du RN ». Ainsi, dans une course concurrence électoraliste sans fin entre l’extrême droite et les ministres radicalisés actuels de l’Intérieur et de la justice, le thème de la sécurité veut s’imposer comme la voie la plus sûre pour parvenir ou rester au pouvoir. Au risque, pleinement assumé, de travestir une nouvelle fois la réalité. La société française est-elle en effet livrée à un ensauvagement où l’insécurité généralisée prospérerait sur fond de laxisme judiciaire ?

Pour l’extrême droite, la droite qui s’est ralliée à ses idées et les médias Bolloré qui exploitent tout ce qui peut entretenir la peur, l’insécurité explose, nourrie par l’immigration incontrôlée et les Musulmans inassimilables. Ce mélange de racisme et de nostalgie coloniale charpente l’ensemble du programme du RN par exemple. La réalité est pourtant tout autre. L’insécurité ne s’envole pas. Lorsque M. Bardella prétend qu’il y a une agression physique toutes les 44 secondes (710 000 personnes en un an), ce qui marque les esprits, il faut considérer que cela représente 1,04 % de la population, ce qui est moins effrayant. En fait les statistiques montrent que si les chiffres oscillent d’une année à l’autre la tendance depuis 30 ans est à la baisse pour les violences aux personnes. Et lorsque Mme Le Pen annonce que « 95 % de la délinquance de rue est le fait de personnes immigrées ou issues de l’immigration », elle ment puisque la délinquance de rue n’est pas une catégorie utilisée par les organismes mesurant l’insécurité et que les statistiques ethniques ne sont pas autorisées. Mme Le Pen se fonde sur l’analyse personnelle d’un ancien cadre d’un groupuscule néonazi à partir d’un échantillon de patronymes à consonances étrangères non européennes en région parisienne. Méthode discutable, résultats invérifiables et de toute manière contrevenant aux chiffres de la délinquance donnés par l’INSEE ou les commissariats de police. (1)

Il ne saurait cependant être question de nier l’existence d’une violence contre les biens et les personnes ni le sentiment qui l’accompagne. Ce dernier est difficile à saisir et à quantifier. C’est un attrape-tout qui peut concerner la délinquance, le terrorisme, le changement climatique, la crainte du chômage et du déclassement social. Aussi peut-on lire ici que 60 % des Français.e.s ne se sentent pas en sécurité, (2) et là que depuis 30 ans 10 % « déclarent avoir peur le soir dans leur quartier » ce qui a le mérite d’être plus précis. (3) Cependant ce chiffre est beaucoup plus fort pour les femmes, et dans certaines banlieues de grande ville, mais également au sein des populations fragilisées par le mal logement, la précarité sociale et éducative. De ces statistiques souvent sujettes à l’instrumentalisation politique il ressort quelques enseignements qui s’éloignent à nouveau des « constats truqués » de l’extrême droite et de ses alliés. Les femmes tout d’abord sont leur angle mort. Alors qu’elles sont les premières victimes de l’insécurité et que les violences sexuelles et intra-familiales sont importantes et au centre désormais des préoccupations de la justice, ces droites conservatrices les minimisent, leurs solutions habituellement brandies (expulsion des étrangers, surenchère sécuritaire) ne pouvant y répondre et leur électorat épousant leur vision patriarcale de la société. (1)

Au-delà, l’impensé de l’extrême droite et de la droite autoritaire est la question sociale. Elles croient de plus en plus que la police est la solution magique face à une société de plus en plus inégalitaire et fracturée. « Les politiques sociales de prévention et de développement cèdent peu à peu la place à des approches plus sécuritaires. Il s’agit moins de lutter contre les causes structurelles des inégalités que de discipliner et contrôler les fractions de population indociles à l’ordre économique et social. » (4) Entretenir la peur et surcharger les prisons ne change absolument rien à la question de la sécurité. Accuser la justice de laxisme est un moyen de fabriquer un bouc émissaire de plus. Or, elle est au contraire de plus en plus sévère : l’augmentation de la population carcérale, ou le passage de 8 à 11 mois d’incarcération en moyenne en sont des preuves. (5)

Face à l’insécurité et au sentiment qui l’accompagne, le tout sécuritaire ne rassure donc pas et n’est pas efficace. Dans d’autres pays comme l’Espagne ou au Nord de l’Europe, l’attention est davantage portée sur l’efficacité du droit commun plutôt que l’empilement de lois d’exception qui fragilisent les libertés et accentuent les fractures de la société. (4) Renforcer les services publics, la présence humaine, accompagner les familles en difficultés, opter pour une plus juste répartition des revenus et privilégier la prévention sont autant de pistes où ni l’extrême droite ni ses alliées ne veulent aller car opposées à leur promotion d’une société inégalitaire dont elles nourrissent les fragilités et les fractures. (3) « Exploiter la peur et l’insécurité pour des raisons politiques est un couteau à deux tranchants. Bien que cela puisse octroyer des gains à court terme, les conséquences à long terme sont très dangereuses. En alimentant et en jouant sur les divisions et la violence, les partis d’extrême-droite deviennent donc une importante source de ce qu’ils affirment combattre : l’insécurité. » (6)

Section LDH de Toulon – La Seyne
https://www.facebook.com/ldh.sectiondetoulon

Références :
(1) Guillaume Bernard, « Insécurité, un constat truqué par l’extrême droite », in Rapport de forces, 18 décembre 2021
(2) Sheela Delestre, « L’insécurité en France, faits et chiffres », in Statista, 26 février 2024
(3) Fabien Jobard, « Comprendre le sentiment d’insécurité », in Droits et Libertés, Juillet 2025, p.32
(4) Laurent Bonelli, « Il faut enclencher une décroissance sécuritaire », in Droits et Libertés, Juillet 2025, p.38
(5) Evelyne Sire-Marin, « L’État de droit et le mur du réel », in Droits et Libertés, juillet 2025, p.50
(6) Yann Saint- Pierre, « L’insécurité de l’extrême droite », in Mosecon, 25 novembre 2016, réédité en ligne août 2025

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